Les thématiques de recherche

 

Les différents projets menés par l’Unité s’organisent donc autour de 4 thématiques principales :

 

1. Comprendre le développement langagier et ses troubles

Développement langagier typique

 

La majorité des enfants acquiert le langage tellement facilement et rapidement qu’on pourrait en oublier la réelle complexité du système linguistique à maîtriser. A l’heure actuelle, on peut décrire précisément les différentes étapes par lesquelles l’enfant passe pour développer son langage mais on ne dispose pas encore d’un cadre théorique permettant d’expliquer la dynamique développementale à l’œuvre.

Récemment, des approches théoriques appartenant au courant de la linguistique cognitive (grammaire de construction ; théorie basée sur l’usage – Goldberg, 1995, 2006 ; Tomasello, 1995, 2003 ; Bybee, 1995, 2001) ont relancé l’intérêt porté à l’acquisition du langage chez l’enfant.

Des expériences sont menées dans l’équipe pour mettre à l’épreuve en langue française ces modèles théoriques souvent conçus à partir du développement langagier d’enfants anglophones.

Troubles du langage- dysphasie & prématurité

 

Une partie des enfants, environ 7 à 8%, va toutefois présenter un retard de développement du langage, sans raison apparente (leurs fonctions intellectuelles, auditives et leur environnement affectif étant satisfaisants). Pour une minorité des enfants – environ 1% – le retard du langage ne se résorbera pas mais s’avèrera sévère et persistant. Ces enfants présentent un trouble sévère de développement du langage, appelé aussi dysphasie de développement.

Ces dernières années, de très nombreuses recherches ont tenté de comprendre la nature et l’origine de leurs difficultés langagières. Les travaux menés par l’équipe s’intéressent plus particulièrement aux troubles phonologiques, grammaticaux ainsi qu’aux difficultés non linguistiques présentées par les enfants dysphasiques.

Pour d’autres enfants, les difficultés langagières peuvent avoir une étiologie clairement identifiée. Ainsi, la très grande prématurité (naissance avant 26 semaines) peut jouer un rôle. Une recherche est actuellement en cours pour mieux en comprendre l’impact langagier et/ou cognitif, en collaboration avec l’unité de neuropsychologie de l’ULg.

Collaborations

 

Plusieurs membres de l’équipe sont impliqués dans le projet multidisciplinaire, ANR « Colaje : Communication langagière chez le jeune enfant » coordonné par Aliyah Morgenstern (Paris 3).

Des collaborations régulières sont menées avec Marie-Anne Schelstraete (Université catholique de Louvain), Christophe Parisse (Université Paris X), Maria-Teresa Guasti (University of Milan-Bicocca), etc.

2. Evaluer le langage et la communication chez l’enfant

Les outils standardisés

 

Poser un diagnostic de troubles langagiers chez un enfant implique de disposer d’outils d’évaluation normés, récents et fondés sur des conceptions théoriques validées. L’élaboration de ces outils est un travail complexe et de longue haleine. Par exemple, plus de 4 années de travail ont été nécessaires à l’élaboration de la batterie L2MA-2 à laquelle nous avons collaboré. Cette batterie est destinée à l’évaluation du langage oral et du langage écrit des enfants de 7 à 12 ans.

Le langage spontané

 

Dans les pays francophones, l’évaluation du langage de l’enfant via l’utilisation de recueil de corpus de langage spontané est une technique encore peu utilisée. Or, ce type de données peut apporter des informations complémentaires intéressantes pour le diagnostic des troubles du langage. Une des raisons de ce désinvestissement réside dans le temps nécessaire à la transcription et à l’analyse des données. L’équipe travaille actuellement à l’adaptation en langue française d’une grille d’analyse du développement morphosyntaxique (F-LARSP) et à son informatisation pour en faciliter l’usage dans des situations cliniques.

Collaborations

 

L2MA-2 : Claude Chevrie-Muller, Inserm, Paris

F-Larsp : Jodi Tommerdahl – University of Texas in Arlington & Christophe Parisse, Université Paris X

3. Rééduquer les troubles langagiers, en intervenant précocement et spécifiquement

La guidance parentale

 

Le dépistage et la prise en charge précoce des enfants présentant un trouble de développement du langage ont démontré leur efficacité. Toutefois, en Belgique francophone, il est peu habituel que la rééducation langagière soit mise en place chez des enfants de moins de 4 ans. Pourtant, un travail spécifique avec les parents de jeunes enfants présentant un retard de langage (dès 2 ans et demi – 3 ans) donne des résultats reconnus par la littérature scientifique internationale.

L’équipe des logopèdes de la CPLU propose ainsi des séances de guidance logopédique parentale, en groupe ou de façon individuelle. Des travaux de recherche menés parallèlement sur ces dispositifs permettent de mieux comprendre les facteurs permettant d’améliorer le développement langagier chez ces enfants, et par conséquent, d’ajuster au mieux les prises en charge logopédiques proposées.

Collaborations

 

Marie Leroy, Paris V, France

Stéphanie Caets & Aliyah Morgenstern, Paris 3, France

4. Enseigner pour former des logopèdes compétents

 

Depuis 2008, les enseignants en logopédie de l’ULg visent à introduire progressivement un changement pédagogique, en passant d’un enseignement axé uniquement sur les connaissances à un enseignement visant également le développement de compétences professionnelles.Un des objectifs de cette approche est d’augmenter l’adéquation entre la formation universitaire et le milieu professionnel, en assurant une meilleure intégration entre formations théorique et clinique.

La première étape de ce changement pédagogique a consisté à élaborer en référentiel des compétences professionnelles d’un logopède. Ce travail a été réalisé sous la supervision du professeur Jacques Tardif, grâce à un soutien de l’IFRES. Ce référentiel est maintenant finalisé et sert de « colonne vertébrale » à la formation en logopédie. Parallèlement, des recherches sont en cours pour mesurer l’efficacité des changements pédagogiques introduits.

Collaborations

 

Jacques Tardif, Université de Sherbrooke, Canada

IFRES & de nombreuses équipes enseignantes des Facultés de Médecine, Médecine vétérinaire

Membre du programme Eramus Netques, coordonné par le CPLO, ciblé sur la coordination des formations initiales en logopédie au niveau européen.

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